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Qualité des blés : sauve qui peut !

Les discours officiels ont beau minimiser, la qualité des blés tendres laisse à désirer.

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« Parfois une qualité dégradée », selon Arvalis-Institut du végétal, « un éventail de qualités de blé pour tous les segments de marchés », pour FranceAgriMer... Après la panique estivale à propos des indices de temps de chute de Hagberg (TCH), les appels à l'apaisement se multiplient. On peut le comprendre, il ne faut pas donner une mauvaise image à l'extérieur. Pourtant, les opérateurs ne s'y trompent pas, et il faut bien appeler un chat un chat. Il suffit de comparer avec l'année dernière. En 2013, 95 % des blés présentaient à l'entrée des silos (donc pas encore travaillés par les OS) une note de panification supérieure à 250 (sur 300), c'est-à-dire une bonne qualité boulangère. Cette année, ce n'est que 43 %, sachant que, d'emblée, 27 % des blés dont le TCH était inférieur à 140 secondes n'ont même pas pu poursuivre le process analytique de l'enquête conduite par Arvalis et FranceAgriMer, chez 266 collecteurs, sur 527 échantillons de blé tendre au total. A priori, FranceAgriMer craignait davantage... « Seulement (sic) 27 % des blés collectés se situent en-dessous de 140 secondes, et sont, dans la plupart des cas, impropres à la panification », pouvait-on lire dans un communiqué daté du 12 septembre.

« Il y a un déport de la classe 1 vers la classe 3 », reconnaît tout de même Monique Meizels chef du service « bases d'information économique » de FranceAgriMer. Sachant que la classe 3 est clairement du blé destiné à l'alimentation animale ou aux éthanoleries. « Mais pour la moitié des blés de cette classe, ayant un TCH supérieur à 140 s, une partie pourrait être utilisée en meunerie », minimise Claire Lelièvre, déléguée pour la filière céréalière. Ce qui est vrai, c'est que ces échantillons prélevés à l'entrée des silos ne sont pas forcément représentatifs de ce qui sera livré à la première transformation. Les OS n'ont pas d'autres choix que d'améliorer les critères technologiques des lots, par exemple avec les tables densimétriques pour faire gagner quelques dizaines de secondes. Ceci va malgré tout engendrer des coûts d'intermédiation plus forts que d'habitude auxquels vont s'ajouter de toute manière des réfactions. Au final, ce sont les agriculteurs qui vont trinquer. « C'est une année atypique, c'est clair, mais chacun devrait pouvoir trouver des utilisations conformes à celles de d'habitude en termes de débouchés, veut croire Rémi Haquin, président du conseil spécialisé céréales. Il faudrait que les TCH supérieurs à 220 s soient orientés vers l'exportation et ceux supérieurs à 170 s vers la meunerie française. » Encore une autre façon de voir les choses au sein même de l'établissement public : « On n'a pas tant des problèmes de qualité que des cahiers des charges d'acheteurs qui nous ferment l'accès à certaines catégories de débouchés », poursuit Olivia Le Lamer, chef de l'unité grandes cultures. « Il faudra gagner des marchés qui jouent sur les prix », en citant par exemple le marché privé marocain.

Mais ce n'est pas tout. Du côté de la teneur en protéines qui était à la base l'enjeu de l'année, c'est encore pire que l'année dernière avec un taux moyen de 11,1 %, et des valeurs s'échelonnant entre 10,3 et 13,3 %. Il est évident que les bons rendements engendrent un effet de dilution, mais la tendance à la baisse ne fait que se renforcer. La filière ne peut que reporter à l'an prochain d'éventuels vrais premiers résultats du plan protéines. Les poids spécifiques ne sont pas mieux lotis. Seulement 60 % des blés dépassent le seuil commercial à l'export de 76 kg/hl, contre 88 % l'année dernière.

Renaud Fourreaux

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